8 Juin 2011
Ce terme désigne à la fois les récipients qui reçoivent la teinture, les chaudières ainsi que le local. C’est la propriété de la prud’homie de Marseille. Dans ce bâtiment habitaient le prud’homme de l’Estaque ainsi que l’adjudicataire « le fermier ».
Avant l’ère du nylon, les filets de pèche étaient en textile naturel comme le lin ou le chanvre. Ils étaient très fragiles et devaient être nettoyés des déchets de poisson et mis à sécher sur le plan incliné. Cela demandait beaucoup d’entretien et surtout la « TEINCHO », la teinture. C’était une préparation d’écorce de pin broyée et moulue, le « RUSCO » qui protégeait les filets de la moisissure et autre facteurs de pourrissement, et permettait d’allonger sensiblement la durée des filets. Des fournisseurs attitrés livraient régulièrement ce produit qui était payé par les prud’hommes. Cette préparation était ensuite versée dans les chaudrons en cuivre rouge et mélangée à l’eau bouillante produite par les chaudières à bois. Une des difficultés tenait à la régularité de ce mélange quelque soit la quantité d’eau et le nombre de filets à teinter. Lorsque cette décoction était prête, les pécheurs trempaient leurs filets dans ces cuves bouillantes le temps de les nettoyer et de les imprégner de cette solution protectrice. Il fallait ensuite les sortir de ces cuves alors qu’ils étaient encore bouillants ; de toute évidence cela devait être un travail que l’on qualifierai aujourd’hui de forçats. Il régnait dans ce local une chaleur et une humidité incroyable. Avec l’aide de rouets en bois les filets étaient mis à égoutter en les lovant en « piles ». Leur seule protection était des moufles qu’ils trempaient dans un sceau d’eau froide pour s’asperger. La « TEINCHO » s’effectuait souvent le samedi et les pécheurs récupéraient le dimanche les filets de la semaine précédente ; c’était le temps nécessaire pour les égoutter. Ainsi était organisé le week-end des pécheurs de l’Estaque.