Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Marseille veut se (re)prendre un savon

Marseille veut se (re)prendre un savon

Un savon de Marseille monumental, depuis le 26 avril dernier, date de son inauguration, s’érige fièrement devant le J1.

Cette clepsydre, composée de panneaux de véritables savon de Marseille, va fondre progressivement sous un débit d’eau continu qui va faire se délayer ce bloc de 17 tonnes et de 3 mètres sur 3, et qui devrait disparaître définitivement le 21 septembre prochain.

Symboliquement, il est triste de constater que l’évanouissement de ce savon gigantesque est comparable à la disparition dramatique des savonneries traditionnelles de Marseille localisées dans la cité Phocéenne, puisque leur nombre est passé de 90 fabriques au début du 20ème siècle, pour n’en compter que quatre aujourd’hui !

La faute à un manque de protectionnisme de l’appellation «Savon de Marseille », pourtant reconnu par Napoléon Bonaparte en 1812, qui à cette date fixe la recette traditionnelle et créé le pentagone sur lequel seront inscrits « huile d’olive, le nom du fabricant, et celui de la ville de Marseille ».

Seul problème, personne n’a jamais songé à protéger l’appellation d’origine ou l’indication géographique réelle de la fabrication, ce qui fait que des savons industriels utilisant des graisses animales, des parfums ou des colorants, et fabriqués parfois à l’étranger inondent les marchés nationaux ou internationaux.

La recette traditionnelle, elle, est réalisée avec 72% d’huile végétale, en principe cuit dans d’immenses chaudrons dans lesquels sont versés les pâtes composées de soude et d’huile.

Il est difficile d’imaginer un processus inverse de relocalisation de la fabrication au sein de Marseille, tellement la situation s’est dégradée, mais pourtant les quatre fabricants marseillais, encore survivants, se sont regroupés au sein d’une « Union des Professionnels du Savon de Marseille », et militent pour l’adoption d’une loi visant à créer un dispositif d’enregistrement et d’indication géographique des savon estampillés.

Une histoire qui a des racines ancestrales donc, à l’image des clepsydres hydrauliques égyptiennes, et qui reste un dossier à suivre…

Alexandre POIX (CIQ Estaque)

Sources : « Le magazine du Monde » (16/02/13) ; article de Gilbert Latour et Prosper Waner (avril 2013, site de l’Hôtel du Nord).

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Merci pour ces précisions<br /> Philippe
Répondre
A
Votre article est fort intéressant, et si cette œuvre d'art éphémère réalisée par des artistes marseillais, en partenariat avec deux savonneries encore en activité, nous interroge aujourd'hui, ils méritaient bien d'être cités. A savoir Générik Vapeur pour ce qui est des auteurs de cette œuvre performance militante, d'autant plus que certains membres de cette compagnie résident à l'Estaque, (Cathy Avram pour ne pas la nommer). Il en va de même pour les savonniers, Le Fer à Cheval si je me souviens bien et une deuxième entreprise, qui ont accepté de financer cette opération.
Répondre
R
j aime.je l ai pris en photo ,la veille de l inauguration sur mon portable il va fondre progressive.;quelle merveilleuse idée ce savon
Répondre